Denis Ponté est un témoin généreux des autres et l'a manifesté avec des livres importants "laissé pour mort", "Au bord du monde", "Histoires de vivre", rendant compte de l'abandon des marginaux et des paumés, du tiers et du quart-monde, des malades du sida, bref la chronique de la misère et de la différence. C'est au vrai sens du terme un photographe indépendant. Il intervient ici avec une série de portraits auxquels il s'est borné à donner des prénoms, laissant chacun libre d'imaginer le destin particulier.
Sans connaître Denis Ponté, on pourrait déjà conclure à la confiance de ses modèles et le connaissant, plus encore. C'est un rapport direct que chacun des visages établi avec le photographe une histoire commune se développe et qu'on ne peut plus dissocier. Je serai tenté d'y voir de se fait presque des autoportraits tant ils sont justes conformes, honnête dans la transcription. C'est aussi d'une relation qu'il s'agit, relation au photographe bien sur, mais relations comme on le dit, de récits aussi. D'une histoire qu'on raconte par des visages qui sont des vies. J'ai donc choisi une image, Adèle. Fasciné, dois-je dire, par cet oeil mort, mais aussi par la formidable présence de l'être, par le constat d'existence, par la force du photographié et du photographe. Par la nécessité de ce portrait photographique et de tous ceux qu'il accompagne. |